LangaJE 2025 : Journée d’étude jeunes chercheur·euse·s

Recherches en linguistique et didactique des langues et communautés minorisées : choix de l’objet, enquêtes et récoltes de données, publication et valorisation

L’équipe interuniversitaire LangaJE, affiliée au CEL[1] – Université Jean Moulin Lyon 3 et au CeRLA[2] – Université Lumière Lyon 2, organise le vendredi 17 octobre 2025 à Lyon (France) sa quatrième JE pour doctorant·e·s et jeunes chercheur·euse·s[3] sur le thème de la recherche sur les communautés minorisées dans une optique de science ouverte. LangaJE 2024 a fait émerger des réflexions concernant le travail sur le terrain et la posture des linguistes par rapport aux communautés étudiées. LangaJE 2025 abordera ainsi la relation entre les chercheur·euse·s et la communauté étudiée ainsi que les effets de la recherche sur cette communauté.

La notion de « communauté linguistique minorisée » convoque avant tout l'idée des langues minoritaires ou régionales, dont les locuteur·rice·s sont « numériquement inférieurs » à ceux ou celles de la langue nationale (Conseil de l’Europe 2024). En outre, la minorisation d’une communauté se fait en regard de la « majorisation » (Blanchet 2005) d’une autre : la référence à une communauté minorisée regroupe toute communauté socialement déconsidérée, que ce soit sur le plan linguistique, culturel, religieux, du handicap, etc. Notre journée d’étude s’intéressera à cette thématique dans une perspective de linguistique et de didactique des langues. Les communications pourront porter sur les axes suivants :

  1. Dans la mesure où « une méthodologie repose sur des anticipations, au moins implicites, de ce que l’on va étudier, en fonction d’horizons d’attentes (épistémologiques, expérientiels, politiques, éthiques, etc.) à son égard » (Robillard et al. 2013), comment se fait le choix de la méthodologie : recherche participative, recherche-action, recherche collaborative, recherche intervention, etc. (Lechner 2014, Lelubre 2022, Godrie et al. 2022, Barré et Jollivet 2023) ? Comment les présupposés ou les choix méthodologiques informent le déroulé de la recherche, et en particulier les rapports à la communauté étudiée ? Comment les différent·e·s détenteur·rice·s de savoirs marginalisés ou minorisés ainsi que les chercheur·euse·s et les professionnel·le·s sont impliqué·e·s dans les processus de construction des connaissances (Rymes et Leone 2014, Godrie et al. 2022, Lelubre 2022) ?
  2. Les questions d’ordre épistémologique, telles que le choix du sujet et la posture des chercheur·euse·s, ne sont pas non plus neutres (Bourdieu 1987, Labov 1972). La recherche sur ces communautés mobilise en partie l’approche ethnographique, qui s’appuie sur le processus de construction d’un terrain, mettant en jeu des agent·e·s engagé·e·s « dans des relations sociales complexes et les pratiques langagières qui vont avec, y compris celles du chercheur » (Gasquet-Cyrus 2015). Comment la présence d'un regard scientifique transforme-t-elle le terrain ? Comment se positionnent les chercheur·euse·s ? Comment cette position est-elle amenée à évoluer au contact du terrain et quelles conséquences peut-elle avoir sur la collecte, les données ou l’interprétation des résultats ?
  3. Dans une perspective de science avec et pour la société, se pose également la question des conséquences, souhaitées ou réelles, de la recherche. L’étude linguistique de communautés minorisées peut impliquer une volonté de transformation sociale, voire d’émancipation, à l’échelle des participant·e·s, des communautés locales ou de la société (Maguire 1987). Elle peut aussi être à l’origine de projets artistiques ou sociaux, ou donner lieu à la création de corpus écrits ou oraux (Viejo et al. 2008), de dictionnaires, de glossaires (Boles et Hoeveler 2006), de méthodes d’apprentissage ou de tout type de base de données. Ces travaux ont-ils pour but de rendre plus visible, de mettre en valeur la communauté étudiée ? Dans les faits, ont-ils un impact négatif ou imprévu sur la communauté ? Conduisent-ils à une action dans la société civile (Cefaï 2010) ?

Ces trois axes ne sont pas exclusifs et des communications les associant sont les bienvenues. Par ailleurs, les questions listées le sont à titre d’exemples et nous encourageons tout autre proposition portant sur les effets de la recherche sur les communautés minorisées en linguistique, traductologie ou didactique des langues.

 

Modalités de soumission des propositions de communication (format 20 minutes) :

Les propositions de communication (environ 500 mots hors bibliographie) devront inclure une question de recherche clairement spécifiée, une présentation des données et de la méthodologie utilisée ainsi qu’une explication du cadre théorique et 5 mots-clés. Le fichier déposé ne devra comporter aucune mention permettant d’en identifier l’auteur·rice. Nous encourageons les participant·e·s à présenter leur communication en français. Les communications en anglais seront néanmoins prises en compte.

La soumission des propositions se fait au format Word directement sur le site https://langaje2025.sciencesconf.org/ et au plus tard le 10 avril 23 avril 2025. Lors de la journée d’étude, les intervenant.es seront invité·e·s à participer au volet vulgarisation selon des modalités qui seront précisées ultérieurement.

Dates clés :

  • 10 avril 2025 : date limite de soumission des propositions - Nouvelle date : 23 avril
  • Juin 2025 : notification de l’acceptation par le comité scientifique
  • Vendredi 17 octobre 2025 : journée d’étude

 

Comité d'organisation :      
Aure Espilondo (CEL), Catline Dzelebdzic (CeRLA), Marius François (CeRLA), Emma Giraudier (CeRLA), Aurélie Héois (CEL), Félix Le Guen (CEL), Melissa Martin-Kemel (CEL), Lisa Stepanian (CeRLA), Emilie Vilmen (CeRLA)

 

Bibliographie

Barré, Rémi, et Marcel Jollivet. 2023. « Interdisciplinarité et recherche participative : deux régimes de recherche pour la transition écologique et solidaire. Une mise en perspective programmatique ». Natures Sciences Sociétés 1 (31) : 110‑119.

Blanchet, Philippe. 2005. « Essai de théorisation d’un processus complexe ». Cahiers de sociolinguistique 10 (1) : 17‑47.

Boles, Janet K., et Diane Long Hoeveler. 2006. The A to Z of feminism. Lanham (MD) : Scarecrow Press.

Bourdieu, Pierre. 1987. « Sociologues de la croyance et croyance de sociologues / Sociologists of Belief and Beliefs of Sociologists ». Archives de Sciences Sociales des Religions 63 (1) : 155‑161.

Cefaï, Daniel. 2010. L’engagement ethnographique. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales.

Conseil de l’Europe. 2024. « Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Recueil de textes ». In Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, 4e éd., 7-26. Strasbourg : Éditions du Conseil de l’Europe.

Gasquet-Cyrus, Médéric. 2015. « “Je vais et je viens entre terrains” Réflexions sur le terrain dans la théorisation sociolinguistique ». Langage et société 154 (4) : 17‑32.

Godrie, Baptiste, Maïté Juan, et Marion Carrel. 2022. « Recherches participatives et épistémologies radicales : un état des lieux ». Participations 1 (32) : 11‑50.

Labov, William. 1972. Sociolinguistic Patterns. Philadelphia: University of Pennsylvania Press.

Lechner, Elsa. 2014. « Recherche participative : contribution à partir d’un travail effectué avec des migrants dans la ville de Coimbra ». Le sujet dans la cité 2 (4) : 222‑236.

Lelubre, Marjorie. 2022. « Développer le pouvoir d’agir par la reconnaissance du savoir expérientiel des personnes en situation de vulnérabilité. Les apports de la recherche collaborative ». Forum 2 (166) : 96‑105.

Maguire, Patricia. 1987. Doing Participatory Research: A Feminist Approach. Amherst (MA): The Center for International Education, School of Education (University of Massachusetts).

Robillard, Didier de, Marc Debono, Elatiana Razafimandimbimanana, et Marie-Laure Tending. 2013. « Le sociolinguiste est-il (sur) son terrain ? Problématisations d’une métaphore fondatrice ». Cahiers internationaux de sociolinguistique 2 (1) : 29‑36.

Rymes, Betsy, et Andrea R. Leone. 2014. « Citizen Sociolinguistics: A New Media Methodology for Understanding Language and Social Life ». Working Papers in Educational Linguistics 29 (2) : 25‑43.

Viero, Xulio, Roser SaurÍ, et Ángel Neira. 2008. « Eslema. Towards a Corpus for Asturian ». SALTMIL Workshop on interoperability between people in the creation of language resources for less-resourced languages : 33-38. https://www.isca-archive.org/saltmil_2008/viejo08_saltmil.html



[1] Centre d’Études Linguistiques – Corpus, Discours et Sociétés

[2] Centre de Recherche en Linguistique Appliquée

[3] La soutenance de thèse doit avoir eu lieu au plus tôt en 2023.

   


     

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